Combien de fois était-elle allée à l’encontre des choix de sa mère ? Combien de fois lui avait-elle causée des frayeurs ? Depuis le temps, Blaze avait arrêté de compter, certaine au départ que sa mère était dotée d’une certaine sensibilité qui lui octroyait le « privilège » de se biler pour un tout et pour un rien, qu’en découlait d’une telle méfiance, une surprotection qui l’avait très tôt dérangé à contrario de ses sœurs qui s’étaient plutôt vite acclimatée. Mais elle, n’avait rien demandé de tout cela, au contraire. Elle aurait souhaité qu’on ne la voie pas pour faire tout ce qu’elle voulait faire comme il se doit. Arrêter l’école où elle s’en sortait pourtant, stopper le judo qu’elle pratiquerait finalement longtemps, voyager sans l’ombre d’un tâtonnement et sortir jusqu’à pas d’heure sans se confronter aux grondements de ses parents mécontents.

Alors elle leur en avait voulues durant un temps. Leur reprochant ce qu’elle appelait sa prison d’argent et maudissant ses sœurs pour ne pas contester un tel mode de vie affligeant comme elle la décrivait si bien. Mais rien ne changeait ce qui avait au fur et à mesure provoqué chez elle une envie notable de dissidence. C’est pourquoi du jour au lendemain, Blaze était partie une première fois pour aller vivre chez une amie. Cela n’avait pas duré longtemps, elle lui manquait, sa fratrie. Alors elle était revenue un peu avant sa rentrée en première année de lycée. Puis une seconde fois l’année d’après, à la suite d’une dispute elle s’en alla et revint plus vite que la première fois. Mais jamais deux sans trois dit-on.

Finalement, Blaze arrêtera ses fugues et se concentrera sur ses études. Entrant à l’université pour en ressortir avec un diplôme bien mérité et un compagnon qui lui donnera rapidement deux beaux bébés. Mais lui, dans la famille, il n’était pas très aimé. On lui reprochait sa frivolité, son manque de sérieux et peut-être même de fidélité. Il faudra attendre un certain temps avant que Blaze, spectatrice d’une scène qui lui reprochera son manque de célibat, daigne s’en aller en emmenant ses deux enfants. Elle quittera leur petit nid et retournera chez ses parents en semblant ne pas imaginer combien il ne serait pas facile de se débarrasser de son ancien amant. Mais un soir, lors d’une petite soirée en famille, l’homme débarquera, arme à feu en main et menacera Blaze et sa mère à tour de rôle, lui reprochant de lui avoir tout volé, y compris ses enfants.

Parce qu’il voulait lui enlever ce qu’elle aimait, il tirera sur la grand-mère. Ou du moins aurait dû.

« Un parent doit toujours partir avant ses enfants » avait-elle déjà entendu. Ça aussi, on le lui avait répété sans cesse. Mais que faire lorsque son propre corps s’y oppose et brise le dogme en un million de petits morceaux ? Blaze l’avait toujours su : elle aimait beaucoup trop sa mère pour se permettre de la voir disparaître sous ses propres mirettes. Qu’elle la considérait de loin plus compétente qu’elle en tant que parent et qu’elle saurait combien ses parents gâteraient ses enfants. Qu’il fallait enfin la remercier pour tout ce qu’elle lui avait un jour donné et qu’elle n’aurait pas à s’en faire, il lui restait ses sœurs et son frère. C’est ainsi que pour la troisième fois, Blaze partit, mais pour de bon cette fois-ci. Ayant le temps de les saluer une dernière fois, le sourire aux lèvres et fermant les yeux sur une image qui lui plaisait, son frère aîné ayant réussi à le désarmer.

Plus tard, on apprendra qu’elle s’était fait un testament, là où elle donnait la garde de ses enfants à ses parents. En fin de compte, Blaze n’était pas si insouciante. Même très consciente.

Trois mois qu’elle est arrivée. Trois mois qu’elle s’adonne à bien des activités. Ayant visitée sa nouvelle patrie du mieux qu’elle put, elle goûta à tous les plaisirs qu’il pût lui conférer. Rapidement, pour lui et notamment pour Aestas, elle développera une certaine affection quand bien même son scepticisme se demandait pendant un moment, pourquoi certains êtres différaient ils tant des autres habitants. Parcourant les concours de son nouveau chez elle, dansant avec ses nouveaux confrères, difficiles de ne pas remarquer son engouement, elle qui s’était déjà attribuée le titre de reine de sa planète qu’elle adorait tant. Au fur et à mesure, Blaze prendra connaissance des Ombres et souhaitera très rapidement prendre une place dans la protection du monde. Mais elle se laissa d’abord le temps de se reposer un moment avant d’y songer plus que sérieusement. Il faut croire que travailler lui manquait et qu’en choisissant d’être une légionnaire, elle s’exposait à des tâches bien laborieuses.